Il est difficile d’être complètement indifférent au regard de l’autre, et ce, pour tout le monde, mais pour une personne autiste, c’est ce qui fera la différence entre vivre et survivre.
On ne peut vivre pleinement dans ce monde fait, valorisé et reconnu par les personnes neurotypiques tout en cherchant l’approbation de ces mêmes personnes dont les échelles, les référents et les mesures sont faites à partir de ce modèle dominant. La personne autiste se donne une chance lorsqu’elle trouve en elle-même ce sentiment de fierté et d’accomplissement que l’on recherche tous.
C’est extrêmement difficile à faire et cela peut devenir une expérience solitaire épuisante. Dans des moments plus sombres, il y a découragement, lassitude et colère qui s’installe à travers cette incompréhension des besoins particuliers souvent invisibles.
L’impression de se battre en “gougounes” alors que le monde porte des souliers de course.
Il faut en convenir, les armes sont inégales et pour cela, les émotions émergentes qui y sont reliées sont plus que valides. Les efforts des personnes autistes passent complètement sous le radar parce que ce qui n’est pas supposé être demandant pour la majorité, n’est donc pas supposé être un effort. Il faut alors faire très attention à nous-mêmes pour ne pas tomber dans cette évaluation de la situation vu par des personnes qui ont des attentes neurotypiques.
Cette évaluation n’est pas la nôtre et elle n’est pas celle qui devrait se terrer dans notre voix intérieure.
Nous sommes assez, tout le temps. Même si nous nous débrouillons mieux en conversation individuelle qu’en groupe. Même si les bruits et la lumière nous font mal. Même si nous nous taisons par surcharge de stimuli. Même si nous parlons trop et de trop de choses et de choses qui ne devraient pas se dire par conventions.
C’est cette bienveillance qui nous fera profiter du monde comme nous en avons envie et besoin. C’est l’espoir que la bienveillance reviendra quand nous sommes découragés, qui nous fera regarder et participer au monde à notre façon, aussi singulière soit-elle.
Néanmoins, nous avons tous besoin de regard extérieur pour venir étoffer notre jardin et le faire grandir le plus sainement possible.
Il est là le funambulisme de la personne autiste. Le maintien des liens sociaux avec des personnes significatives qui n’ont aucune idée du combat mené et constant et la distance pour se donner soi-même cette empathie qui manque cruellement au monde méga-moderne.
N’oublions jamais que ces échelles sociales s’appliquent à tout le monde et qu’à un moment ou à un autre, nous portons tous des “gougounes” pour affronter la vie.
Le regard empathique sur soi et sur les autres permet à beaucoup de se dire que la survie ne sera pas une option. Vivre l’est. Peu importe ce que vivre veut dire pour soi.
Gabriela Ovallé
Blogueuse
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