La vue : un processus sensoriel complexe et intéressant

La vue est sans contredit un de nos sens grandement sollicité au cours d’une journée. Le système visuel ne se résume pas seulement à la vision ou à l’acuité visuelle, mais aussi à l’intégration visuelle et à la perception visuelle. Ces habiletés nous permettent de prendre les informations captées par l’œil pour être ensuite analysées via des processus neuronaux complexes dans le cerveau. Le corps peut alors coordonner les mouvements, s’ajuster dans son environnement, réagir aux stimuli visuels, etc. Décoder l’information visuelle permet aussi de reconnaître des objets, des lieux, des personnes, des lettres, des couleurs, etc. La vue est donc un sens important qui nous permet d’effectuer une panoplie d’activités au cours de la journée.

Ultimement, toutes les expériences sensorielles, pas seulement celles provenant de la sphère visuelle, sont modulées plus ou moins efficacement (selon les personnes) via le système nerveux. Nous sommes alors en mesure de produire une réponse adaptée au contexte. Par exemple, à la vue d’une menace, on sera amené à fuir, combattre ou figer. Pour certaines personnes (peu importe l’âge), la modulation sensorielle présente des particularités, rendant la personne plus sensible (en hyperréactivité) ou moins sensible (en hyporéactivité). Selon la sphère touchée, la personne aura besoin d’aide ou d’adaptations pour mieux moduler les stimuli afin de produire sa réponse adaptée.

À titre d’exemple, une personne peut être très sensible à la lumière naturelle et avoir mal aux yeux lors d’une sortie extérieure. Cette personne évite de sortir par crainte de vivre des inconforts visuels. L’adaptation simple consiste à porter des verres solaires à l’extérieur afin que la personne puisse mieux moduler les stimuli visuels (intensité de la lumière) et procéder à ses activités.

Les stimulations visuelles chez les enfants d’âge scolaire

En classe ou à la maison, l’environnement est rempli de stimulations visuelles que l’enfant doit apprendre à décoder et interpréter afin de fonctionner. Que ce soit via les affiches, les livres, l’utilisation d’un tableau, la lumière naturelle (provenant des fenêtres), la lumière artificielle (provenant de l’éclairage), le mouvement des pairs ou de la fratrie, etc., il existe d’une panoplie de stimulations visuelles demandant à être gérées afin que l’enfant puisse fonctionner adéquatement. En effet, plusieurs stimuli devront être filtrés et inhibés afin que le corps ne soit pas en surcharge sensorielle (et donc, non fonctionnel aux apprentissages et au fonctionnement).

Tous les enfants n’auront pas la même sensibilité/réactivité à ces stimuli et les géreront d’une manière propre à leur système sensoriel; ils moduleront les stimuli sensoriels pour être capable de lire, d’être attentif, d’écrire, de décoder des chiffres et des formes, etc.

Il faut donc être sensible, pour certains enfants, à réduire les stimuli visuels qui les mettront en surcharge, amenant un décodage difficile. Tamiser les lumières, épurer l’environnement, ranger le matériel, sont des exemples simples d’interventions pouvant amener un meilleur fonctionnement pour l’enfant réactif aux stimuli visuels.

L’autorégulation et la sphère visuelle

Chez plusieurs enfants, la recherche visuelle sera un élément majeur suscitant leur intérêt et leur attention. Ces enfants pourront alors répondre positivement à l’utilisation d’objets lumineux et stimulants visuellement par exemple.

Afin justement d’avoir un comportement adapté à son environnement, plusieurs enfants auront également besoin, à certains moments de la journée, d’une pause leur permettant de retrouver un état d’éveil plus optimal. Cette pause peut se traduire différemment chez chacun. Voici quelques exemples :

1- Petit moment avec lumières tamisées et activité douce (ex. : lecture) permettant un retour au calme;

2- Petit moment à être assis dans des coussins et regarder des objets visuels mouvants (ex. : sablier avec liquide coloré, bâtons scintillants, lampe lumineuse produisant des effets visuels colorés (lampe méduse par exemple), bulles colorées qui bougent, etc.)

3- Petit moment calme à manipuler des objets à travers lesquels la lumière produit des effets (ex. : galets translucides, lettres ou chiffres texturés, balles, lumière à fibre optique qui change de couleur, etc.)

4- Une multitude d’autres exemples sont possibles!

En ce sens, il importe de bien cerner les besoins sensoriels (et la réponse à la modulation sensorielle de la sphère visuelle) de chacun. L’utilisation de matériel sensoriel visuel tels que des objets lumineux/scintillants peut permettre à certains enfants de capter leur attention et de focusser sur ces stimulations visuelles. Ils peuvent alors être plus en mesure de s’autoréguler et donc de retrouver un état de bien-être. Ceci peut leur permettre une meilleure disponibilité aux apprentissages par la suite. La sphère visuelle, souvent en combinaison avec le toucher et la manipulation de certains objets (i.e sphère tactile) peut être une approche gagnante pour aider à l’apaisement chez certains enfants.

L’utilisation d’objets lumineux peut ne pas convenir à tous. Il importe d’être à l’écoute des besoins et des réactions de chaque personne.

Des outils aidants pour faciliter les interactions et les apprentissages

Bien que chaque personne module différemment les stimuli provenant de la sphère visuelle, il arrive souvent que les enfants (incluant ceux à besoins particuliers), apprécient les objets ayant des propriétés visuelles.

En effet, en clinique, il est souvent observé que :

• Une certaine forme d’apaisement est procurée via l’utilisation des outils lumineux chez certains enfants.

• Les particularités des effets action-réaction de certains objets visuels et lumineux sont très utiles pour travailler différents concepts avec les enfants (ex. : les demandes d’aide, les demandes de récurrence, les interactions sociales, les capacités d’autorégulation, la motivation, etc.).

• Des objets visuels ciblés aux besoins de l’enfant sont souvent recommandés afin que l’enfant ait un coffre à outils avec différents objets sensoriels, qu’il peut utiliser à certains moments pour s’autoréguler (i.e pour redevenir calme ou attentif par exemple). Le coffre à outils peut contenir, à titre d’exemples, différents objets visuels ou tactiles aidant l’enfant à s’apaiser (balles à manipuler, sabliers ou objets lumineux à activer, objets pouvant faire un massage à l’enfant, etc.). Évidemment, chaque enfant présente des particularités et ne répond pas de la même façon aux diverses stimulations, d’où l’importance de bien cerner ses besoins et d’être à son écoute.

Pour conclure, la réponse aux stimuli visuels est propre à chaque personne, qui les module différemment. Le même stimulus visuel peut également produire une réponse différente selon le moment de la journée ou l’état dans lequel la personne est lorsqu’elle doit le moduler. Dans tous les cas, une bonne lecture des besoins est nécessaire afin de trouver des outils qui permettent une meilleure modulation sensorielle et une autorégulation optimale afin de mieux fonctionner dans l’environnement.

logo-crcm

Équipe d'éducatrices spécialisées et psychoéducatrices de la CRCM

Ergothérapeute
CRCM – Clinique de réadaptation Carolyne Mainville

Site webwww.crcm.ca

Facebook : Clinique CRCM