Qui d’entre nous ne subit pas de changements au niveau du sommeil en période estivale ? Que dire de l’influence du soleil chez nos tout-petits ? Avez-vous un petit malin qui tarde à gagner son lit dès que le soleil demeure plus présent en soirée ? Ou peut-être une petite cocotte qui se lève subitement à l’heure du coq dès que le soleil se montre le bout du nez ? Le cycle du sommeil en été est bien différent du cycle que nous avons durant le reste de l’année. Pourquoi ? Le soleil et le temps d’exposition à celui-ci sont à la base de ces principaux changements.

L’été, avec son contexte festif, modifie en partie ou en majorité nos habitudes quotidiennes, particulièrement avec les enfants. Plusieurs changements altèrent nos points de repères; davantage d’énergie, les vacances, les soirées dites « spéciales », les activités multiples, les visites plus fréquentes, les congés scolaires et j’en passe.

L’environnement et le lâcher-prise sur certains aspects influencent grandement notre façon « d’être ». En général, nous agissons et réagissons sur une note plus légère tout en faisant preuve de plus de latitude. Les enfants ressentent très bien ce changement d’atmosphère et prennent, eux aussi, plaisir à savourer chaque instant. C’est aussi une période où nous consacrons davantage de temps aux retrouvailles et où nous prenons tout simplement le temps d’être avec nos enfants. Nous anticipons les vacances et les congés à venir afin de prendre le temps de se retrouver et de profiter pleinement de ces moments.

La période d’ensoleillement qui s’allonge apporte son lot d’avantages, mais aussi d’inconvénients. Comment l’exposition au soleil joue-t-il un rôle sur le sommeil ?

Plusieurs experts s’entendent pour dire que l’exposition à la lumière, dont celle du soleil qui est une lumière naturelle très puissante, modifie le rythme de notre horloge biologique. Celle-ci influence en effet le fonctionnement de notre corps. Notre rythme biologique de sommeil est régulé par des hormones (mélatonine, sérotonine et cortisol entre autres). La sécrétion de ces dernières dépend de notre exposition à la lumière du jour. La mélatonine, aussi appelée « hormone du sommeil », se libère sous l’effet de l’obscurité. Lorsque nous sommes exposés à la lumière du jour plus longuement, les commandes de notre corps retardent donc la sécrétion de la mélatonine.

De plus, les nombreux changements dans notre rythme de vie amènent les enfants à bien souvent manquer le train du sommeil. Plusieurs phases composent un cycle de sommeil complet; l’endormissement, le sommeil léger, le sommeil lent, le sommeil profond et le sommeil paradoxal, pour ne nommer que celles-là. Celles-ci reviennent en alternance au cours de la nuit, ponctuées de micros-réveils. Nous pouvons comparer un cycle de sommeil par le passage d’un train. Chaque wagon composant le train représente chacune des phases d’un cycle. Si l’on propose à l’enfant d’aller au lit alors qu’il a passé l’étape de l’endormissement, le besoin de dormir et le ressenti de la fatigue ne seront pas manifestés. L’enfant aura besoin d’attendre un nouveau train pour embarquer dans sa phase d’endormissement. De plus, si par nos nombreuses occupations estivales, nous ne favorisons pas un contexte propre à l’arrivée du train, la résistance de la part de l’enfant risque de s’amplifier.

Modifier nos habitudes de sommeil en période d’été est tout à fait normal, logique et même souhaitable. Cependant, mieux vaut faire preuve de modération dans la fréquence des excès. Malgré les changements hormonaux et le contexte de relâchement qui sont très importants, une fatigue chez l’enfant peut s’accumuler rapidement. À la base, les besoins physiologiques de l’enfant au niveau des heures de sommeil demeurent les mêmes. Un enfant qui est en dette de sommeil finira bien souvent par manifester ce manque au niveau comportemental; pleurs plus fréquents, irritabilité, crises, opposition, etc.

 

En observant l’enfant, il est possible de détecter les signes de fatigue avant que celle-ci ne dégénère. Les traits de son visage (frottement des yeux, traits tirés, bâillements, etc.), la position de son corps (tout semble lourd, pesant, inconfortable, etc.) ou les comportements énumérés ci-haut, sont des indices sur lesquels mieux vaut réagir sans trop tarder.

 

Il existe sur le marché différents outils ou astuces pouvant aider à soutenir les contrecoups des périodes d’ensoleillement plus longues. Différents modèles de réveille-matins ayant un visuel signifiant la nuit ou le jour peuvent aider les enfants à se repérer. Une astuce très simple revient à installer une minuterie sur une lampe de chevet; celle-ci s’allumera à l’heure désirée pour signaler le début de la journée.

 

Il revient aux parents de modérer les surcharges d’activités et de prévoir un temps de repos durant les vacances ou à la fin de celles-ci. L’important, c’est de trouver un équilibre face à toutes ces composantes, d’être à l’écoute de nous-mêmes en tant que parents, et surtout, d’être à l’écoute de nos enfants.

 

Qui ne se souvient pas de certaines soirées de leur jeune enfance où se coucher tard était synonyme de temps privilégié passé avec les grands ? En général, ce type de souvenir fait partie de nos meilleurs moments. Je vous encourage donc à offrir ces moments uniques à vos enfants. Maintenir à tout prix les habitudes de sommeil sans vous soucier de l’influence du soleil, risque d’être un combat perdu d’avance. Vous ne pouvez pas vous battre contre les effets de la lumière naturelle sur le corps de vos enfants. Cependant, un bon dosage, une utilisation modérée des « soirées dites spéciales », des horaires offrant une flexibilité et du temps de repos sont essentiels pour maintenir une bonne hygiène du sommeil. Un bel été vous attend, soyez indulgent !

 

Caroline Boutin

Caroline Boutin, Intervenante sociale