Depuis quelque temps, les annonces en lien avec le déconfinement se font de plus en plus présentes dans nos esprits. Une aura de décloisonnement, de retour à la « normale » et de retrouvailles s’installe peu à peu. Tout comme l’angoisse liée à ce nouveau changement. 

 

Alors que je commençais à m’habituer à ce mode de fonctionnement qui m’apparaissait inscrit dans ma logique autiste comme une continuation de ma réserve sociale, je dois me préparer à revenir comme avant. Avant, c’était quoi?

Avant, je disais non souvent pour les activités sociales. Peut-être et on verra également. Avant, je m’inventais des prétextes pour ne pas toujours dire que je suis simplement fatiguée de ma journée de travail normale. Avant, je devenais nerveuse à l’idée de ne rien avoir prévue pour ma fin de semaine, car la normalité me disait que le vendredi, samedi et dimanche, je dois être en mode « activités ». Pour que lundi matin au bureau, je puisse en parler. Pour que ma réponse ne soit pas aussi bête que : rien! Pour ne pas dire que j’ai simplement regardé en boucle une série qui m’apaise et que j’ai pris deux jours à préparer une recette pour mes lunchs mentalement et physiquement.

J’ai aimé que tous n’est plus de plans. J’ai apprécié que, ne rien faire, était considéré comme une activité valide. J’ai surtout sentie une connexion avec la masse que je n’avais pas souvent eue. J’ai découvert que les neuroatypiques et les introvertis ne sont pas les mêmes, mais qu’ils ont des similarités quant au désir de se retrouver seul de temps en temps. Seul, mais pas isolé. Seul, mais accompagné. On se sent moins seul quand on est seul ensemble. J’ai aimé que ce soit compliqué se voir. J’ai aimé ce désir de se revoir. Cette ardente attente. Cette patience entre deux rencontres. Et cette grande règle sanitaire et salutaire d’une personne à la fois. Covid, je ne t’aime pas, mais je ne t’ai pas haï non plus. Il m’est arrivé de grandes choses dans le plus fort de la pandémie. J’ai désamorcé une relation toxique, je suis sortie de mon appartement plus que jamais, je me suis faite de nouvelles amitiés virtuelles puis présentielles, je suis devenue forte puis fragile, puis forte encore. J’ai eu peur comme tout le monde et j’ai angoissé comme tout le monde. J’étais « bleh »aussi et bien plus grand que cette lassitude, je me suis sentie appartenir à cette société devenue elle-même autiste en quelque sorte. Maladroite, inquiète, pleine d’espoir, désillusionnée, empathique, distante et en quête de règles à suivre pour savoir quand les transgresser au bon moment.

Covid, tu n’es pas partie mais tu n’es plus beaucoup « en ligne » ces temps-ci. J’ai peur du retour à la «normale » parce que je me sentais bien décalée quand la majorité avait beaucoup à dire les lundis matins. J’ai hâte aussi de retrouver ma belle singularité parce que j’ai appris en pandémie. La rigidité n’est pas un trait autistique, c’est un trait humain. À lundi!

Gabriela Ovallé

Blogueuse