Vous savez probablement déjà tout sur la COVID-19. Vous avez lu toutes les recommandations, suivi les points de presse. Vous êtes submergés d’informations. Je sais que vous vivez une situation sans précédent.

Vous vous rendez peut-être au travail en étant stressé de revenir avec le virus…

Vous faites peut-être du télétravail tout en demandant à vos enfants d’arrêter de crier à vos côtés…

Vous avez peut-être perdu votre emploi…

Vous êtes 24h/24 à la maison… les enfants aussi…

Ce que vous ressentez comme anxiété, comme frustration et comme impatience est totalement normal.

Et les enfants aussi…malgré leur petite boîte à outils

Même s’ils ont l’air de n’avoir aucun stress et rien à faire d’autre que d’être à vos côtés pour vous faire 1000 demandes (jamais au bon moment!!), les enfants vivent tous cette anxiété reliée à leur changement de routine. Ils entendent ce qui se passe autour d’eux, sans tout comprendre. Ils vous ressentent.

S’adapter à ce nouvel «horaire sans horaire» et faire face à ce changement immense avec leur toute petite boîte à outils pour gérer leurs émotions peut être vraiment très difficile.

Partout, des enfants habitués à être organisés à la minute près par leurs enseignants, à être stimulés, à sortir 3 fois par jour pour s’amuser, s’exciter et dépenser de l’énergie sont maintenant confinés à la maison.

Les écoles sont vides, mais le corps et la tête de votre enfant sont remplis de cette anxiété ressentie et de cette énergie non dépensée.

Il est donc parfaitement normal que Fiston et Fillette soient tel que vous les ayez rarement vus : facilement irritables, très agités et peu concentrés.

Et le scolaire dans tout ça?

Dans ce tourbillon d’inquiétudes et d’incertitudes, vous ajoutez celles des apprentissages scolaires… Qu’arrivera-t-il des notions académiques qui devaient être vues en classe? Dois-je enseigner à mon enfant? Quelles notions? Combien d’heures?

En tant qu’enseignante, j’ai envie de vous rassurer. Faites-nous confiance. Nous saurons reprendre le temps perdu. Aucun enseignant ne s’attend à ce que ses élèves suivent le programme pendant cette période d’isolement.

Par contre, nous sommes tous concernés par la capacité de chacun de nos élèves à faire face à cet immense changement. Nous sommes inquiets de les savoir inquiets (pas de ne pas avoir complété la feuille sur les homophones.). 

Votre enfant est en train d’apprendre beaucoup depuis la fermeture des écoles.

Il apprend à s’adapter et à gérer son stress. C’est immense.

Je me permets donc une recommandation…

Prenez le temps de décrocher un peu de tout ce qui se passe et de trouver un peu de positif dans tout ceci : vous avez du temps en famille. Prenez le temps de rire et de mettre le stress de côté quelques minutes par jour. Ce sera bénéfique autant pour vous que pour le reste de votre famille.

Bien sûr, vous pouvez faire les exercices scolaires recommandés ou d’autres trouvés sur internet. Ce moment devrait, selon moi, demeurer ludique et amusant. Il ne devrait pas être une source de stress supplémentaire ni une source de conflits.

D’autres apprentissages tellement importants

J’ai surtout envie de vous dire de profiter de ces précieux moments en famille.

  • Profitez-en pour faire une recette ensemble. Vous travaillerez la lecture, les fractions, la résolution de problèmes (et les façons de nettoyer un dégât!!) en vous amusant et en créant de magnifiques souvenirs.
  • Donnez-lui de nouvelles responsabilités pour alléger votre tâche, vous développerez son autonomie.
  • Faites de la lecture, couchés dans le lit, en lisant chacun une phrase à tour de rôle. Vous développerez les stratégies de lecture en servant de modèle.
  • Discutez de l’actualité pour vérifier sa compréhension. Vous ferez de la communication orale, de la géographie et vous travaillerez à développer son empathie.
  • Faites ensemble l’épicerie en ligne et calculez le montant total. Vous ferez de la planification, de la lecture et des mathématiques.
  • Sortez vos jeux de société et riez ensemble! Vous travaillerez la coopération (ou la gestion des émotions).

Nous vivons un moment historique et inquiétant certes, mais il n’en tient qu’à nous d’en retirer du positif en renforçant nos liens familiaux et en prenant soin les uns des autres… autant physiquement que psychologiquement.

(Et si cet isolement obligatoire devient trop difficile, je vous suggère fortement de téléphoner à votre médecin, votre CLSC ou au 211 afin d’avoir accès à des conseils qui peuvent vous aider.)

Véronique Gauthier

Orthopédagogue │ Psychoéducatrice