Comme je le soulignais dans ma chronique de mars, j’ai participé en octobre dernier au 1er Congrès international de l’activité physique et du sport chez l’enfant (3 à 9 ans) tenu à Liège en Belgique. Voici un bref aperçu des principaux résultats de la recherche et des tendances mondiales en matière de pratiques favorisant l’activité physique des enfants et leur adhésion future au sport.

Un des enjeux du congrès était porté sur le développement global de l’enfant à travers l’activité physique de nature éducative, récréative et compétitive. Toutes les principales sommités mondiales sont unanimes, peu importe le type d’activité physique que l’enfant pratique, il faut s’assurer que celle-ci soit plaisante et développe le goût de poursuivre dans une approche adaptée à ses capacités. À cet égard, plusieurs experts ont souligné l’importance de valoriser les intentions pédagogiques qui sous-tendent une activité physique afin de changer la perception des gens qui limitent souvent le sérieux du domaine en raison de son caractère ludique.

Les modèles de développement à long terme du participant/athlète ont aussi fait l’objet d’une attention particulière. Entre autre, le risque de la spécialisation précoce, dont j’avais abordé dans une autre chronique, est une problématique mondiale qui doit évoluer. De plus, les modèles internes de compétition des fédérations sportives doivent être mieux adaptés. Règle générale, il y a trop de parties, de tournois ou de compétitions par rapport aux entraînements. La formule est pourtant simple, mais souvent négligée : les habiletés motrices fondamentales et d’initiation sportives se développement beaucoup plus lors des entraînements car tous les enfants ont la chance d’être engagés dans un contexte moins stressant que les parties. Bref, l’apprentissage moteur des habiletés motrices individuelles est une condition essentielle pour espérer un certain niveau de base pouvant être transféré en contexte de compétition sportive.
Pour vous donner un exemple concret, la Fédération Belge de soccer a décidé de transformer radicalement son modèle de compétition en créant le concept du Festi-Foot en raison de l’abandon de plusieurs jeunes. Ainsi, les joueurs débutants dès l’âge de 4-5-6 et même jusqu’à 7 ans ont deux entraînements par semaine et sont amenés à jouer des parties le week-end à 2 contre 2 (Festi-Foot) dans un plus petit espace avec ou sans gardien de but. Sur chaque terrain, on retrouve 3 duos de joueurs pour chaque équipe. Chaque duo joue 1 minute et se repose 2 minutes sur le côté. Les parents-entraîneurs s’occupent de gérer le temps et les duos de chaque équipe. Ce concept de duo est révolutionnaire car il permet à tous les joueurs (faible, moyen, fort) d’être impliqués dans le jeu et d’avoir la possibilité de toucher au ballon en plus de développer indirectement les habiletés motrices individuelles. L’accent est mis sur le plaisir de toucher au ballon dans un contexte totalement adapté pour cet âge (espace, nombre de joueur, règles simples, temps de jeu intense mais limité).
Par conséquent, la porte d’entrée du développement à long terme du participant/athlète repose actuellement sur l’approche innovatrice de la littératie physique que j’ai amplement expliquée lors de ma dernière chronique. Rappelons qu’elle représente l’ensemble des capacités et valeurs fondamentales (motivation, confiance, compétence motrice, connaissances et responsabilités) que devraient posséder l’être humain afin qu’il s’engage dans un mode de vie physiquement actif. 

Pour compléter cette chronique, voici une synthèse des principales conclusions scientifiques de ce congrès :

 L’environnement, la formation et le profil des intervenants influencent la qualité de l’activité physique offerte;
 Les compétences motrices des enfants sont en déclin plus on avance en âge;
 Les pauses actives en classe ont des bienfaits à tous les niveaux;
 Les activités physiques en plein-air apportent plus de retombées;
 Les parents ne sont pas vraiment conscients des besoins moteurs de leur enfant;
 Il faut augmenter la sensibilisation (journal, radio, télévision, conférence) des parents et la formation des intervenants;
 La télévision est le pire problème pour limiter l’activité physique;
 Les milieux de la petite enfance, scolaires et communautaires sont la pierre angulaire pour initier les enfants à l’activité physique;
 Les centres privés doivent continuer leur développement;
 Il faut plus de décisions politiques pour faire évoluer l’activité physique.

 

Joël Beaulieu, Consultant en motricité-jb@aplusaction.com