26 années d’enseignement au secondaire! Ouf…. Ça en fait des jeunes à accompagner! Alors quand on m’a demandé d’écrire sur la rentrée des classes, je me suis dit « Pas de problème ».  Mais comment aborder un sujet qui est à la une de presque tous les journaux à chaque mois d’août? Comment ne pas tomber dans les généralités connues ou citer des études souvent trop loin de la réalité vécue? La rentrée au primaire est largement couverte mais on ne peut en dire autant au secondaire. Alors, j’ai contacté des collègues et je leur ai posé la question suivante : Selon votre expérience, quels conseils donneriez-vous aux parents s’ils se tenaient là, debout devant vous? Les réponses n’ont pas tardé.

La première rentrée au secondaire est une étape importante et remplie d’anxiété pour le jeune. Tant de choses changent : la bâtisse, le nombre d’élèves et d’enseignants, le nombre de matières, le nombre de cloches, bref TOUT change. L’organisation est la clé pour faire baisser ce nouveau stress. L’enfant doit apprendre à s’organiser, à devenir autonome. Malheureusement, ça ne s’apprend pas entre le 29 août et le 1e septembre. La transition primaire/secondaire sera bien plus fluide si de nouvelles habitudes sont prises pendant la 6ième année du primaire. Une bonne chose à faire serait de se procurer un agenda ou un calendrier et montrer à son enfant à gérer son temps. L’école, les amis, les moments en famille et le temps passé à jouer à des jeux vidéo. Tout doit y passer. L’enfant doit comprendre qu’il faut avoir un équilibre dans tout. Et, amusez-vous de temps à autre à avoir des imprévus pour que votre enfant apprenne à gérer le changement. Avec huit ou neuf matières et un horaire sur 9 ou 10 jours, il est certain qu’au secondaire l’enfant devra gérer le changement et l’imprévu.  

Vient le premier jour, l’entrée dans la grosse école. Les élèves arrivent par les grandes portes, le personnel les accueillent avec un sourire, et les dirigent vers différents locaux pour expliquer le fonctionnement de l’école. Ça semble simple vu de cette façon mais ça ne l’est pas vraiment. Nous voyons tout pendant cette journée et celles qui suivent : des élèves perdus dans l’école, ou assis dans la mauvaise classe, certains pleurent dans un coin, d’autres cherchent leur casier et plusieurs sont en retard en classe parce qu’ils luttent avec leur cadenas. Croyez-le ou non, le cadenas est une source de stress importante en début de secondaire.  Il semble que ce machin-là ne fonctionne jamais! Une bonne idée serait d’investir dans un cadenas (qui servira en éducation physique) quelques semaines avant le début de l’année scolaire afin de faire pratiquer l’enfant au fonctionnement de la chose. Ça peut sembler banal mais l’idée est de permettre à l’enfant d’avoir un certain contrôle sur quelque chose dans son nouvel environnement, de se sentir en confiance en quelque part dans l’école.

Le soir, prenez le temps d’écouter le récit de la journée et assurez-vous de regarder l’horaire avec votre enfant. Et surtout, dodo tôt! La surdose d’information et de nouveautés est épuisante pour l’enfant. Donnez-lui quelques jours pour s’ajuster. Certains prennent même des semaines à y arriver. Tous les soirs notez ses bons coups et les moins bons, mais notez la progression de son adaptation à sa nouvelle réalité.

Les élèves des niveaux suivants vivent les choses différemment. Pour plusieurs, le jour de la rentrée est chargé d’émotions. D’abord, il y a la joie de retrouver les amis qu’ils n’ont pas vu de l’été. Mais, cette joie peut être de courte durée quand ils se rendent compte en regardant leur horaire, qu’ils ont parfois peu ou pas de cours avec ces mêmes amis. Puis, il y a les premières rencontres avec les enseignants ou enseignantes. Même si nous n’avons jamais une deuxième chance de faire une bonne première impression, certains élèves gardent leur première impression de certains enseignants très longtemps. L’enfant doit être en mesure de relativiser les choses. Les parents peuvent aider leur enfant à comprendre qu’il/elle a l’occasion de se faire de nouveaux amis et que c’est aussi stressant pour le prof de rencontrer ses nouveaux élèves (oui, oui…même après 26 ans!) que ce l’est pour eux. L’enfant doit comprendre que dans la vie nous aurons à croiser et à travailler avec toutes sortes de personnes. L’aider à gérer cela, c’est l’aider à se préparer à sa vie d’adulte.

N’oubliez pas aussi de regarder son agenda le plus régulièrement possible. Ce n’est pas un secret, les jeunes ont vite tendance à se désorganiser. Évidemment, plus l’élève prend de la maturité et plus le stress de la rentrée disparait. Cependant, ce n’est pas parce que votre enfant est en 5e Secondaire que vous n’avez plus à vous soucier de rien, surtout plus tard durant l’année scolaire quand ils deviennent anxieux face à leur réussite. Demeurez vigilants.

Enfin, viennent les conseils usuels pour tous les niveaux. Une semaine ou deux avant le retour en classe il serait bon de reprendre une routine familiale qui ressemble plus à celle de l’année scolaire qu’aux vacances d’été, surtout en ce qui concerne les heures de sommeil. Si votre jeune travaille, il serait bon qu’il ou elle réduise son nombre d’heures au moins pour la dernière semaine de vacances, histoire de se reposer un peu avant la rentrée et de reprendre le rythme de l’école. Même si en tant que parent vous êtes très heureux que la marmaille retourne à l’école, soyez heureux pour eux aussi! Montrez-leur le positif pour eux, surtout quand ils deviennent inquiets ou qu’ils disent préférer demeurer en vacances. Gardez cette attitude positive même lors des achats de fournitures scolaire. Chaque famille vit ce moment différemment et les frustrations sont très compréhensibles. Cependant, il est préférable de ne pas faire sentir ces frustrations à votre enfant car il/elle pourrait inconsciemment se sentir coupable de retourner à l’école. Bref, votre positivisme l’aidera à démarrer l’année en force. 

Finalement, mes collègues m’ont inondé d’idées, toutes aussi intéressantes que les autres. C’est la preuve que même pendant les vacances nous avons à cœur la réussite de ces centaines de jeunes que nous rencontrons à chaque début d’année scolaire, et que votre coup de pouce pour y préparer votre enfant est très appréciée. Il faut maintenant que je vous laisse…je dois moi-même préparer ma 27e rentrée!

Bonne fin de vacances et bonne rentrée à tous.

 

Marc Provencher (et ses collègues)

Enseignant en anglais langue seconde en 5e secondaire