Les activités motrices extérieures au préscolaire sont trop souvent dirigées vers le jeu libre dans les modules de jeux. Bien que ces modules soient des incontournables dans les écoles et les garderies, ils sont cependant peu efficaces pour développer la motricité globale des enfants. Une courte analyse ainsi que de récents résultats de recherche vous permettra d’en prendre conscience et d’adapter votre stratégie à l’approche du printemps qui frappe à nos portes.

L’INTENSITÉ DE LA MOTRICITÉ GLOBALE

L’une des premières intentions lorsqu’on va jouer dehors avec les enfants c’est de leur faire prendre l’air, dépenser leur surplus d’énergie et stimuler leur motricité globale faute d’espace à l’intérieur. Malheureusement, les enfants canadiens ont une moyenne de 24 minutes par jour d’activité motrice modérée (enfants transpirent un peu et respirent plus fort) à élevée (enfants transpirent, sont plus rouges et essoufflés) alors que la norme est de 60 minutes pour la tranche d’âge des 5 à 17 ans. Bien que cette responsabilité ne repose pas entièrement sur les intervenants du système scolaire ou du réseau de la petite enfance, les activités extérieures de motricité globale proposées aux enfants devraient être plus variées et intenses.

Lors de ma chronique de janvier dernier portant sur les 22 habiletés motrices fondamentales (courir, sauter, gambader, lancer, botter, attraper, frapper avec un bâton, etc.), je soulignais que ces habiletés représentent une grande partie des actions de motricité globale que l’on doit prioriser chez les enfants d’âge préscolaire et même jusqu’à 12 ans. Comme ces habiletés exigent passablement d’espace, elles doivent être stimulées dans un grand espace (salle polyvalente, gymnase) et à l’extérieur.

EFFICACITÉ DES MODULES DE JEUX EXTÉRIEURS

Lorsque nous prenons le temps d’analyser, d’un point de vue strictement moteur, les modules de jeux traditionnels (glissoire, escalier, grimpeur, échelle, filet de câbles, pont, balançoire, etc.) sont limités en termes d’efficacité motrice pour les raisons suivantes :

  • Seulement 5 habiletés motrices fondamentales sur un total de 22 sont stimulées (ramper, sauter d’une hauteur, se tenir en équilibre sur 1 ou 2 pieds, grimper et marcher en équilibre). Les mouvements de balancer et de glisser ne sont pas reconnues comme des habiletés motrices.
  • La locomotion n’est pas stimulée suffisamment mis à part le grimper, le saut d’une hauteur et la marche en équilibre.
  • La manipulation d’objets (botter, lancer, frapper, attraper) est aucunement stimulée par les modules de jeux.

Cette courte, mais frappante analyse permet de prendre conscience que les modules de jeux ne ré- pondent pas aux premiers besoins moteurs des enfants qui sont les actions de coordination globale par la locomotion. Par ailleurs, la recherche nous démontre maintenant que les habiletés de coordination globale (courir, gambader, saut à cloche-pied, lancer, botter) contribuent aux bonnes synapses (connexions neuronales) qui influenceront le développement global au fur et à mesure de la maturation.

ACTIVITÉS MOTRICES EXTÉRIEURES BÉNÉFIQUES Dépendamment de votre cour et de son aménagement physique, il faut être en mesure de trouver un vaste espace pour des jeux favorisant des déplacements avec une intensité de modérée à élevée. Voici un exemple d’activité motivante qui stimule la coordination globale avec un niveau d’intensité adéquat :

Jeu défi-vitesse: Tous les enfants sont sur une ligne avec un objet qui se manipule bien (frisbee, cône, cerceau, quille) et qui résiste bien aux conditions extérieures. Au signal, les enfants doivent transporter leur objet (ex : sur la tête, sous un bras, entre les jambes) et se déplacer (ex : courir, galoper, gambader, etc.) rapidement jusqu’à l’autre ligne sans échapper leur objet. Quand ils ont touché la ligne, ils reviennent au point de départ de la même façon ou d’une autre (ex : marcher sur les talons ou en pas de géant). Ne pas mettre trop l’accent sur la compétition, mais bien le plaisir de transporter rapidement un objet d’une drôle de façon. Plaisir garantie!

CONCLUSION

La sécurité et la surprotection des enfants limitent malheureusement ce type de jeu en raison de la surface de la cour (sable, cailloux, asphalte) et des collisions potentielles. Idéalement, un espace en gazon est plus sécuritaire, mais il faut parfois osez et prendre quelques risques dépendamment de l’âge des enfants. L’apprentissage moteur se fait parfois avec de petits bobos. Sans vouloir proscrire les modules de jeux, je vous recommande de varier vos activités extérieures en introduisant simplement du petit matériel éducatif. Votre créativité fera le reste, j’en suis certain!

 

Joël Beaulieu Ph. D. (c). – Consultant en motricité A+ Action – www.aplusaction.com