Pour plusieurs parents, le moment de coucher leur progéniture devient un véritable cauchemar. Pour l’enfant, cela devient une partie de plaisir où il réussit à obtenir de l’attention du parent et à reporter l’heure du coucher. Voici donc quelques stratégies qui pourraient vous aider à ce que l’heure du dodo, devienne un moment plus agréable.

Avant de dormir, l’enfant a besoin d’une routine stable et sécurisante. Ainsi, l’enchainement des étapes vers l’heure du dodo devrait être sensiblement la même chaque soir; bain, pyjama, brossage de dents, pipi, histoire et dodo en est un exemple. Ceci aura pour effet de donner des repères à l’enfant, le menant vers l’heure du coucher. Aussi, il sera préférable de privilégier des activités calmes après le repas du soir et de ne pas trop exposer l’enfant à la télévision et aux jeux vidéo, qui sont sources de chaleur et de lumière qui ont pour effet de retarder la sécrétion de mélatonine, qui nous mène vers l’endormissement.

Lorsque le parent s’est assuré d’offrir cette routine prévisible et sécurisante à l’enfant et avoir répondu à ses besoins, nous pouvons nous questionner sur les demandes subséquentes de l’enfant. L’enfant a-t-il besoin de ce qu’il demande ? (ex : de se faire replacer les couvertures 2 fois, que son parent revienne lui donner 4 câlins, de boire de l’eau). Dès lors, le parent peut commencer à penser que l’enfant obtient ce qu’il désire en adoptant cette attitude; repousser l’heure du dodo et avoir plus longtemps son parent près de lui. Si nous nous arrêtons pour y penser un peu, l’enfant fait bien d’agir de la sorte !

Rassurez-vous, votre enfant ne sera pas perturbé si vous ne répondez pas à ce type de demandes ! De votre côté, vous en retirerez du positif à ne pas répondre à toutes ses demandes (ex : avoir un enfant enjoué et concentré le lendemain, avoir plus de temps en couple le soir, ne pas rater la moitié de vos émissions télé etc.)

Afin de changer les habitudes du dodo avec votre enfant, je vous suggère d’établir un plan de match avec votre conjoint. Ce plan de match pourrait contenir la routine prévue, le nombre de fois que l’on répondra à l’enfant, les tâches de chacun etc. Pour le parent qui a du mal à entendre un enfant crier ou pleurer, je propose d’écouter de la musique à l’aide d’écouteurs, ou encore d’aller prendre une marche, pendant que l’autre parent s’occupe de l’application du plan de match.

D’autres moyens et adaptations peuvent être mis en place et en voici quelques exemples :

· La mise en place d’une séquence visuelle (pictogrammes) qui indique la routine à l’enfant.
· Faire une « check-list » avec tout ce que l’enfant pourrait demander et qui serait mis dans la routine (ex : 2 bisous, un câlin, un verre d’eau, pipi). Ainsi, l’enfant saura qu’il ne pourra en obtenir d’autres car le parent s’est assuré de lui donner avant de lui dire bonne nuit. Puisque l’enfant trouvera assurément de nouvelles idées, vous pourriez les ajouter à la liste.
· Faire l’utilisation de billets que l’enfant peut utiliser pour une demande. Un billet égale une demande. Lorsque l’enfant utilise son billet, il sait que le parent n’acquiescera pas à d’autres demandes par la suite.
· Fournir un objet du parent (ex : un toutou quand il était jeune) ou un vêtement avec son odeur (parfum) pour rassurer l’enfant.
· Utiliser l’imaginaire de l’enfant pour l’aider à s’endormir (ex : offrir une peluche qui contient des pouvoirs d’endormissement rapide, un capteur de rêves)
· Un système de renforcement pourrait être mis en place pour souligner la réussite de l’enfant lorsque celui-ci s’endort dans les temps voulus (ex : coller un collant au lever, piger dans un sac de surprises). Nommer à l’enfant combien vous appréciez le fait qu’il s’endorme rapidement sera très important. Ce sera là de l’attention positive donnée au comportement que nous aimerions voir apparaître et maintenu.
· Entre 3 et 6 ans, l’imaginaire de l’enfant devient très fertile. Il pourrait donc présenter des peurs (ex : monstres, dragons). Le parent pourra rassurer l’enfant à cet effet (ex : regarder sous le lit avec lui pour lui montrer qu’il n’y a rien, lui dire que cela n’existe pas), lui fournir une petite veilleuse etc.
· Lorsque le parent retourne dans la chambre de l’enfant ou lui accorde de l’attention (ex : lui répondre du salon), l’échange avec l’enfant devrait être brève, et le parent pourrait répondre de façon robotique à l’enfant (ex :
« non, dodo maintenant ! »). Si le parent a à reconduire l’enfant qui sort de la chambre, il pourrait le faire sans lui accorder un regard ni de paroles trop amicales. Ainsi, ces façons de procéder ne donnent pas à l’enfant l’attention qu’il désire tant recevoir.
· S’assurer que la température de la chambre n’est pas trop élevée. Le corps doit refroidir pour mener à l’endormissement.

Pour terminer, si vous appliquez de façon rigoureuse et constante les nouvelles habitudes en lien au dodo de l’enfant, les changements pourraient être perçus en quelques jours. Il pourrait y avoir une augmentation des comportements au début de l’application du plan de match, mais peu à peu, l’enfant apprendra que les limites et le cadre à respecter ont changé. Avec de la persévérance, ce qui vous prenait 1h chaque soir sera maintenant de courte durée.

 

Martine Dugas, Psychoéducatrice-martinedugas@live.ca