La thématique de cet article est l’équilibre statique et l’utilisation des pierres de rivière avec des enfants éprouvant des difficultés d’équilibre. Il y a trois types d’équilibre : dynamique, proactif et statique.

L’équilibre dynamique : C’est la capacité de rester en équilibre en mouvement. Nous sommes en équilibre sur une surface qui nous soutient. Plus celle-ci est grande, plus il est facile de conserver son équilibre. L’accélération et la vitesse de mouvement contribuent également à maintenir l’équilibre. Nous pouvons tous identifier une situation où en accélérant au moment de tomber, nous évitons de le faire. Quand nous accélérons, notre système vestibulaire nous aide à conserver l’équilibre.
Quand nous sommes sur le point de perdre l’équilibre, nous réagissons par réflexe en agitant les bras par exemple pour rétablir notre équilibre.
Faire du vélo requiert un bon équilibre dynamique. En observant un enfant qui apprend à faire du vélo, on note que son équilibre est meilleur lorsqu’il avance à une certaine vitesse, alors que c’est beaucoup plus difficile lorsqu’il pédale lentement.

L’équilibre proactif : C’est la capacité de prédire ce qui doit être fait pour maintenir l’équilibre une fraction de seconde avant de le faire. Par exemple nous savons précisément quelles tension et élasticité nous devons appliquer à nos jambes pour sauter du plancher et garder notre équilibre en atterrissant sur un coussin ou une surface instable ou inégale. S’il y a une erreur de jugement, nous atterrissons lourdement ou maladroitement ou encore perdons l’équilibre et tombons à côté ou glissons du coussin.

L’équilibre statique : C’est la capacité de rester en équilibre sans broncher, comme lorsque nous nous tenons sur un pied pour enfiler un bas dans l’autre pied, ou encore lorsque nous maintenons longuement une position en travaillant à un bureau par exemple.
Quand ces trois systèmes sont coordonnés, nous avons une démarche aisée et élégante et notre corps fonctionne de manière optimale et efficace, sans tension inutile. Lorsque nous bougeons ou jouons, les trois types d’équilibre sont coordonnés, chacun des types d’équilibre exerçant une forte influence sur les deux autres. Les enfants peuvent quelques fois avoir des difficultés avec un ou plusieurs types d’équilibre. Pour qu’un entraînement soit efficace, il est important que le thérapeute analyse les faiblesses et fasse faire à l’enfant des exercices ciblant l’équilibre difficile pour lui tout en exploitant les ressources de ce dernier.

Histoire de cas :
Mark est un jeune garçon de 5 ans très actif. Il a toujours beaucoup bougé. Il réussit bien à faire du vélo, est bon pour courir et participer à des jeux turbulents. Il ne peut cependant pas rester debout sans bouger, il tombe par terre. Il tombe également de sa chaise pendant les repas. Il ne peut se tenir sur une jambe. Lorsqu’il est assis à table, il pose sa tête sur la table. Quand il joue avec des voitures sur le plancher, il s’étend par terre et dépose sa tête sur son avant-bras au lieu de s’asseoir.

Quand on lui demande de parcourir un circuit d’habiletés motrices à ma clinique, il complète le tout avant même que j’aie terminé de donner les consignes à suivre. Vif comme l’éclair, il saute et court à grande vitesse. Il trouve l’équilibre dynamique facile, a un bon équilibre proactif, mais l’équilibre statique est difficile. Je complimente Mark. C’est un bon garçon, mais je lui explique que nous allons essayer quelque chose de plus difficile parce que j’ai l’impression qu’il trouve ardu de se déplacer plus lentement, ce qu’il accepte. Les adultes l’ont toujours réprimandé : vas-y doucement, ralentis, relaxe. Peut-être ne sait-il pas comment, parce que quand il le fait, il tombe et perd l’équilibre.
Nous avons maintenant un but commun. Je vais aider Mark à maîtriser ce qu’il trouve difficile, i.e. ralentir le rythme. Je vais lui enseigner comment se déplacer lentement. En termes professionnels, il doit apprendre l’équilibre statique et la stabilité physique.

Je sors les pierres de rivière et demande à Mark de se tenir sur une pierre élevée au milieu de plus petites pierres de différentes couleurs placées autour. Je lui demande de poser un pied sur une pierre de couleur spécifique tout en gardant un pied sur sa base, la pierre haute. Chaque fois que je nomme une nouvelle couleur, Mark débute avec les deux pieds sur la base, puis doit choisir quel pied il pose sur la pierre de la couleur demandée. Cet exercice ralentit Mark, il doit faire un effort particulier pour garder l’équilibre quand ses deux pieds sont sur la pierre élevée puis sur les pierres de différentes hauteurs. Cet exercice travaille l’équilibre statique. Il doit ensuite se rappeler de remettre les deux pieds sur la pierre centrale, ce qui est un défi et l’encourage à ralentir davantage. Il rit tout bas chaque fois qu’il oublie de remettre les deux pieds sur la base avant de passer à la couleur suivante. Nous rions tous deux de ses erreurs et je le complimente quand il se concentre et se souvient de retourner à la base avant de choisir la nouvelle couleur demandée.

Je peux rendre l’exercice plus difficile en retardant le processus et en prenant mon temps pour choisir une nouvelle couleur. Plus je serai lente, plus l’exercice représentera un défi pour les habiletés d’équilibre de Mark. Je peux aussi changer le degré de difficulté en choisissant tour à tour une pierre près de la base, puis une qui est derrière ou en basculant entre la droite et la gauche. Encore plus difficile, je peux lui dire qu’il ne peut décider quel pied déplacer, mais plutôt utiliser le gauche et le droit tour à tour.

Si Mark n’était pas capable de garder l’équilibre durant cet exercice ou d’attendre qu’une couleur lui soit imposée, un jeu plus simple consisterait à déployer toutes les pierres de rivière de façon aléatoire et de demander à Mark de se tenir sur deux pieds sur la pierre de mon choix.

Il est important de choisir un exercice adapté au niveau de l’enfant et de lui fournir des défis qui lui offrent un sentiment de maîtrise et de succès. Après seulement quelques minutes Mark ne fait plus d’erreurs, il maîtrise le jeu. Il réussit à ralentir le rythme et à garder son équilibre. Nous nous entendons pour que je lui nomme encore cinq couleurs et que le jeu se termine.

Hannah Harboe, physiothérapeute (traduction libre en français) – Gonge