La colère est une émotion légitime qui n’a rien de négatif. Tout le monde vit de la colère. C’est dans la façon choisie pour l’exprimer que cela peut devenir problématique. Certaines personnes sont plus habiles que d’autres à l’exprimer de façon appropriée mais chez l’enfant, ceci demeure un apprentissage. Le parent a donc un rôle à jouer pour aider l’enfant à ce niveau. La colère mène parfois l’enfant à faire des crises, à dire des insultes et à adopter des gestes agressifs. Voici quelques moyens pour mieux comprendre et aider l’enfant à mieux la gérer.

Avant l’âge de 3 ans, la gestion des émotions demeure difficile pour l’enfant. Avec l’arrivée du langage, exprimer ses émotions de façon adéquate est plus facile surtout lorsque l’adulte l’encourage à le faire. Le fameux « terrible two » amène son lot de défis. Celui-ci débute vers l’âge de 2 ans et dure parfois une année. L’enfant tente à cet âge de confirmer son identité et tente par tous les moyens de contrôler et s’opposer aux exigences imposées par le parent. Des crises sont fréquentes à cette étape. Chez l’enfant, il n’est pas rare de voir des crises qui perdurent jusqu’à l’âge de 4 ans. Le parent qui est avisé de ces étapes typiques du développement de l’enfant sera plus sensibilisé et pourra dès lors apporter certaines modifications pour s’adapter à son enfant et mieux le comprendre.

Un autre point important à considérer est que l’enfant vit sur le principe du plaisir et dans le « ici et maintenant ». Ainsi, s’amuser et être satisfait est le principe qui dicte son quotidien. Nous l’amenons au cinéma et au restaurant, il ne sera pas content puisqu’on ne lui paie pas un dessert. Il ne se souviendra pas que la veille, nous sommes allés manger une crème glacée, car ici et maintenant, il pense à son plaisir et à être satisfait. Si nous comparerions tous les enfants, nous constaterions qu’ils sont tous fabriqués « sur le même moule ». Le rôle du parent est malheureusement de mettre un cadre en place et celui de l’enfant, de tester le parent et les limites, voilà ! Or, si le parent tient compte de ce deuxième principe, il sera d’autant plus sensibilisé à mieux comprendre certaines attitudes adoptées par l’enfant.

Parfois, l’enfant qui se met en colère peut se rendre compte que ce moyen de faire lui est bénéfique et qu’il obtient alors ce qu’il désire. Il n’est pas rare qu’un parent « flanche » lors d’une colère de l’enfant. Or, l’enfant enregistre que lorsqu’il fait une colère, cela lui apporte des gains. Bingo ! Il est intéressant comme parent de se questionner à cet effet : Est-ce que la colère (ou crise) de mon enfant lui permet d’éviter quelque chose de déplaisant (ex : faire une tâche) ou de gagner quelque chose de plaisant (ex : temps supplémentaire, attention du parent) ?

Il est important aussi de mentionner que certains enfants vivent beaucoup de colère dû à ce qu’ils vivent dans leur milieu. Cette colère peut être passagère (ex : l’arrivée d’un petit frère) mais est parfois plus importante et exprime la souffrance de l’enfant (ex : l’enfant qui est négligé).

Des outils pour le parent
– Le parent pourrait questionner son attitude et ses exigences, en tenant compte des étapes développementales et de la divergence de perception de l’enfant. La perception d’une situation chez l’enfant, est bien différente par rapport à celle de l’adulte. Ainsi, Mathilde 5 ans, qui accroche le cadre qui a coûté 275$, ne le sait pas ce qu’il en vaut et ne l’a pas fait exprès, car elle s’amusait, tout simplement. Si le parent tient compte de ceci, il pourra lui-même ajuster son niveau de réaction.

– Offrir un modèle approprié de gestion de colère à l’enfant. L’enfant apprend en imitant alors si comme parents nous crions ou frappons dans le mur, il n’y a pas de raison de demander à notre enfant de ne pas le faire !

– Nommer ses propres émotions et les émotions de l’enfant au quotidien. Ainsi au lieu de dire « Arrête de taper du pied, c’est comme ça, tu ne joueras pas 10 minutes de plus ! » le parent pourrait refléter à l’enfant « ça te fâche que je te refuse de jouer 10 minutes de plus, c’est correct, mais tu peux me le dire avec des mots… » Ceci est difficile pour plusieurs parents qui eux-mêmes n’ont pas eu ce modèle de la part de leurs propres parents. Nommer l’émotion de l’enfant met des mots sur son état intérieur, il se sent écouté et cela peut l’aider à ne pas se rendre à la crise de colère.

– Le parent peut donner des moyens alternatifs à l’enfant pour gérer sa colère tels la nommer, respirer, se retirer dans sa chambre, ou encore utiliser divers outils pour se calmer (ex : papier et crayon pour noircir la feuille ou écrire, balle à manipuler, écouter de la musique, lire etc).

– Utiliser divers médiums tels les livres, émissions de télévision, thermomètres, volcan pour discuter de la colère avec l’enfant. Aider votre enfant à reconnaître les signes extérieurs (ex : ton de la voix qui change, muscles tendus) et intérieurs (ex: rythme cardiaque qui augmente) lorsque la colère monte et l’encourager à utiliser un moyen approprié pour gérer sa colère. Et surtout, il ne faut pas oublier de renforcer l’enfant dès qu’il utilise un bon moyen !

Quand consulter ?
-Lorsque les crises prennent trop de place, sont trop intenses et fréquentes.

-Lorsque le parent vit de l’épuisement quant au comportement de l’enfant, que les colères affectent le quotidien et tous les membres de la famille (ex : s’empêcher de sortir) etc.

-Si malgré vos efforts, l’enfant fait des crises au-delà de l’âge de 4-5 ans.

-Si l’enfant se dit impuissant à gérer sa colère, est triste, qu’il se dévalorise etc.

Enfin, certains enfants ont du mal à gérer leur colère puisque celle-ci s’exprime à l’intérieur d’un trouble plus important (ex : trouble dans le spectre de l’autisme, trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, syndrome de Gilles de la Tourette). Or, le professionnel pourrait vous aider à mieux comprendre d’où provient la colère de votre enfant et à vous réorienter vers d’autres professionnels au besoin.

Martine Dugas, Psychoéducatrice-martinedugas@live.ca